Histoire de l’herboristerie

Guillaume Laclau

Histoire de l'herboristerie

Résumé de l'article

L’herboristerie est une pratique ancestrale, elle désigne communément l’usage, le conseil et le commerce des plantes médicinales. Par analogie, une herboristerie est donc une échoppe, ou une boutique dans laquelle sont conseillées et vendues les plantes ainsi que les remèdes naturels à base de plantes. 

L’herboristerie : une pratique ancestrale

L’herboristerie est une pratique ancestrale, elle désigne communément l’usage, le conseil et le commerce des plantes médicinales. Par analogie, une herboristerie est donc une échoppe, ou une boutique dans laquelle sont conseillées et vendues les plantes ainsi que les remèdes naturels à base de plantes. 

L’herboristerie est pratiquée par un herboriste.

L’herboriste

L’herboriste est initialement défini comme “celui qui connaît les simples”, les simples étant le nom donné aux plantes utilisées depuis l’antiquité pour leurs vertus médicinales. On les qualifiait de simples par opposition aux potions complexes que proposait la médecine savante de l’époque. Le mot herboriste dérive du latin “herbula”, qui signifie petite herbe.

L’herboriste est donc le spécialiste des plantes médicinales et des savoirs naturels. Il sait reconnaître les plantes dans leur milieu naturel, les cueillir, mais aussi les cultiver, les sécher, les transformer et les conseiller dans un but thérapeutique et de bien-être.

Il est aussi, et surtout, un lien entre l’homme et la nature. Sa connaissance est issue de la tradition, de l’observation et d’un lien profond avec l’univers végétal. Grâce à sa vision holistique de la vie, et à sa connaissance intime des plantes médicinales, il est apte à créer des formules à base de plantes sur mesure, apportant ainsi confort, guérison et mieux-être.

Écoles d’herboristerie et certificat d’herbaliste

De nombreuses écoles d’herboristerie ont vu le jour en France. Si en raison de la loi elles ne délivrent pas de diplôme reconnu par l’État, elles délivrent en revanche un certificat qui atteste d’un savoir réel et sérieux, reconnu par ses pairs. 

C’est le cas par exemple de l’École Lyonnaise des Plantes Médicinales et des Savoirs Naturels.

Leurs formations s’adressent aussi bien aux particuliers qu’aux professionnels de la santé, du bien-être, de l’agriculture et des milieux naturels. Le cursus complet d’herbaliste permet d’acquérir le savoir et les pratiques de l’herboristerie traditionnelle ainsi que les connaissances scientifiques les plus récentes en matière de plantes médicinales, d’aromathérapie, de nutrition… 

Le terme d’herbaliste a été créé à partir du mot anglais herbalist, et témoigne d’une envie de renouveau des métiers de l’herboristerie et de modernisation de la vision de cette pratique.

L’herboristerie aujourd’hui

Force est de constater qu’aujourd’hui en France l’herboristerie suscite un intérêt grandissant et connaît une demande croissante, tant de la part des personnes qui souhaitent se former à ces pratiques, que des personnes qui souhaitent prendre en main leur santé, leur bien-être, et se soigner de manière naturelle.

Cet engouement témoigne d’une envie de retrouver une vie plus simple, régie par les lois de la nature, dans le respect de l’humain, de la terre et des rythmes naturels, qui s’oppose à la vision de l’industrie pharmaceutique pour laquelle le profit semble parfois passer avant le bien être.

Comme de nombreuses autres pratiques, l’herboristerie s’inscrit dans une approche holistique du soin et de la thérapie. Cette vision ne s’oppose cependant pas à la science moderne, dont nous avons besoin et de laquelle il n’est pas nécessaire de se couper. 

Un équilibre entre les deux est certainement possible, et c’est à nous qu’il revient d’en trouver la bonne mesure.

Plantes médicinales et médecine moderne

La culture et l’usage des plantes médicinales ont traversé l’histoire. Les “jardins de simples” dans les monastères ont entretenu cette tradition tout au long du Moyen-Âge. Le recours aux simples a toujours été à la base du soin et demeure, dans certains pays, le socle parfois quasi-exclusif de la pharmacopée traditionnelle.

Les plantes sont au fondement de la médecine et de la pharmacie modernes, nourries de certains usages traditionnels. L’utilisation de leurs principes actifs dans la sphère thérapeutique demeure permanente, alimentée par une abondante littérature scientifique.

Les plantes sont à la base de la création de nombreux médicaments. La morphine, antalgique indispensable aujourd’hui, découverte en 1804 par Armand Seguin et Bernard Courtois, est une substance active (alcaloïde) extraite de l’opium, de même que la codéine, isolée en 1832. La quinine, isolée par Pelletier et Caventou en 1820 à partir de l’écorce de quinquina, conduira à l’avènement du premier produit de synthèse : la chloroquine utilisée contre le paludisme. Ce ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres.

Avec l’émergence de l’industrie pharmaceutique et du médicament de synthèse, et ce malgré le fait qu’aujourd’hui encore environ 70% de notre pharmacopée soit issue du monde végétal, les plantes ont peu à peu été reléguées au second plan, et sont même considérées par certains esprits scientifiques comme du folklore, relevant de la croyance. 

La raison scientifique, ou vision moderne de la médecine, fondée sur des preuves, s’oppose au savoir empirique de l’usage des plantes, issu de la tradition. En devenant une matière première de l’industrie pharmaceutique, les usages traditionnels des plantes, notamment comme totum mais aussi comme principes actifs isolés, ont pu toutefois se perdre.

Or aujourd’hui, on s’aperçoit que l’approche scientifique et les médicaments de synthèse ont eux aussi une limite. On peut citer l’exemple du phénomène de résistance des bactéries aux antibiotiques. De plus, les remèdes traditionnels ont récemment montré leur intérêt dans la gestion de certaines épidémies, comme l’a par ailleurs expliqué Claude Marodon, pharmacien à La Réunion et président de l’Aplamedom, notamment dans la gestion de l’épidémie de chikungunya ou de la dengue à La Réunion et à Mayotte.

L’idée que l’on pourrait dégager de ce constat est que ces deux visions du soin ne sont pas antinomiques. Elles peuvent facilement être utilisées de concert. L’herboristerie n’a pas pour prétention de soigner des maladies graves, et si elle est efficace en curatif sur de nombreux maux du quotidien, elle se place également dans une démarche de prévention, comme accompagnant l’homme au quotidien dans un but de maintien d’un bon fonctionnement du corps et de l’esprit, de manière naturelle.

Histoire et statut de l’herboristerie en France

La pratique des herboristes a toujours existé parallèlement à l’usage des plantes médicinales. Elle présente en France la spécificité d’avoir eu, pendant un temps, un statut. En effet, au 18ème siècle un groupe d’herboristes a réclamé un statut pour leur métier. Ils cherchaient également à travers leurs pétitions à acquérir une autonomie par rapport aux apothicaires. La loi du 11 avril 1803, qui encadre la profession d’herboriste, leur a apporté cette reconnaissance : son article 37 autorisa l’herboriste à délivrer des plantes médicinales et créa le certificat d’herboriste. 

L’instauration du certificat d’herboriste n’a cependant pas mis un terme aux critiques des médecins et des pharmaciens à l’endroit des herboristes. En effet, la loi de 1803 ne précise pas le type de rapport que l’herboriste entretient avec les autres acteurs du champ de la santé, le reléguant dans un espace incertain entre le commerce et le soin. Comme l’histoire des plantes médicinales, celle des herboristes à cette époque est marquée par un conflit entre deux visions des soins par les plantes : l’une populaire et traditionnelle qu’ils représentent et l’autre, moderne et scientifique, revendiquée par les pharmaciens. 

C’est finalement la loi du 11 septembre 1941 relative à l’exercice de la pharmacie qui supprime le certificat d’herboriste et entraîne dans le même temps l’extinction de cette profession distincte de celle de pharmacien. La vente des plantes à usage thérapeutique se trouve, de ce fait, confiée aux pharmaciens dans le cadre du monopole pharmaceutique.

Depuis 1941, rien n’a changé, et il ne reste aujourd’hui plus d’herboristes diplômés. Le statut de l’herboristerie est donc très flou et régit par des lois abstraites et difficiles à comprendre, sous la surveillance étroite de l’ordre des pharmaciens. L’herboriste est en effet souvent sous la menace d’un exercice illégal de la pharmacie, ou de la médecine.

En 2018, une mission d’information sur les métiers de l’herboristerie a été mise en place auprès du Sénat, sans avoir eu de réelles conséquences sur la réhabilitation des métiers de l’herboristerie. Mais les choses avancent et nous pouvons espérer que dans un avenir proche ces métiers soient de nouveau reconnus.

Écrit par Guillaume Laclau

Diplômé de l’École Lyonnaise des Plantes Médicinales, Guillaume est herboriste et conseiller en herboristerie.

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